Malgorzata Paszko
1978 - 1979 Travaux Anciens
Quelque chose d'ancien remonte lentement du fond.
Un tracé, des couleurs. Cela paraît sourdre, ici ou là (c'est encore lacunaire); des figures adviennent (certaines en ébauche, à peine discernables, d'autres déjà presque accomplies), qu'on dirait surgir de leur propre effacement: comme si une fresque, un fragment de fresque, sous l'effet de l'humidité, venait à transparaître peu à peu dans le plâtre même dont on l'avait recouvert et qui jusque-là le dissimulait au regard. Cela redevient visible; ce quelque chose d'ancien, qui fut caché, peut-être condamné à disparaître, refait mystérieusement surface.
Je me suis longuement demandé à quoi tient l'émotion étrange et puissante que cette peinture a le pouvoir de faire naître (car je suis convaincu maintenant qu'il s'agit bien de peinture, même si Marguerite Paszko, elle, parle de dessin). Or pendant très longtemps, justement, j'ai cru que cela tenait essentiellement au dessin, c'est-à-dire à la représentation. C'était l'époque où toutes les pièces que je connaissais d'elle ne montraient que de "pauvres" choses : des pots, des gobelets, des pinceaux, les objets de son travail, toujours les mêmes, multipliés. Il y avait là comme une humilité volontaire, qui est depuis toujours, peut-être, celle du dessin, d'un certain dessin : dans le simple tracé, une sorte de respect archaïque devant le réel le plus modeste ou la plus fragile des présences.
Et ces choses paraissaient d'ailleurs sans âge, ou d'une ancienneté incalculable : presque élémentaires. Comme ces objets usuels et usagés qu'on exhume dans les fouilles, dont la matière a vieilli, la couleur est passée et le brillant s'est terni, mais dont la forme, parfaite, est miraculeusement intacte…
1978 - 1979 Travaux Anciens
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait. OK Refuser